Avant de s’engager dans la voie de l’enseignement de l’équitation, il est essentiel de réaliser qu’il est primordial d’aimer l’humain autant que les chevaux. Si cette condition de base fait défaut, il est préférable de renoncer à ce métier car il est impossible de devenir un moniteur ou un instructeur compétent si l’on a plus d’affinités avec les animaux qu’avec nos semblables.

Il est essentiel de comprendre qu’avant d’être un élève équitant dans notre paddock ou notre manège, la personne que nous initions à l’équitation est un être humain. Comme nous, cette personne a ses fragilités, ses qualités, ses traits de caractère et ses manquements. Nous sommes tenus de considérer avec sérieux tous ces facteurs humains et leurs interactions. Il est de notre devoir d’ajuster notre posture et notre enseignement en permanence afin de répondre au mieux aux situations pédagogiques qui se présentent à nous et sont loin d’être toujours simples.

La société évolue et il est impensable d’imaginer enseigner l’équitation aujourd’hui comme il y a trente ans. Afin de mieux saisir encore notre responsabilité en tant qu’enseignant, il est important de considérer le facteur suivant : dans notre société en pleine mutation, il est difficile, pour beaucoup d’ enfants de trouver des repères solides et sécurisants. Un nombre croissant d’être humains vivent et souffrent au cœur de conflits familiaux et sociaux, bien souvent aggravés par l’intensification du stress environnant. Ils ont beaucoup de mal à construire la confiance dont ils ont besoin pour échafauder une personnalité solide et responsable. Beaucoup sont éprouvés psychologiquement et émotionnellement, en difficulté scolaire, voire en échec, ce qui génère encore une perte de confiance en soi. Il est donc essentiel de savoir que pour ces  enfants, la relation avec le cheval peut être momentanément dans leur vie la chose la plus précieuse qu’ils ont dans leur cœur d’enfant. Ces moments passés en compagnie du cheval sont une sorte de refuge dans lequel ils tentent de se construire malgré toutes leurs difficultés de vie.

Etant fragilisés, ils se montrent souvent maladroits dans l’apprentissage. Ils sont vulnérables, se sentent vite terrorisés, disqualifiés. Lorsque cela arrive parce qu’un moniteur perd patience, perd le contrôle de son discours ou donne des exercices qui sont hors de portée de l’élève, l’enfant se sent inhibé. Il est important de savoir que dans cette configuration pédagogique, l’enfant test touchés dans ce qu’il a momentanément de plus précieux dans sa vie. Cela peut, dans certains cas, générer des traumatismes psychologiques profonds qui auront des conséquences dans sa vie d’adulte. Pour les adultes, nous retrouvons ces mêmes facteurs à la différence près qu’il se laisseront moins longtemps maltraiter dans le silence.

Au cours la formation de 2ème année, les professionnels répondant aux prérequis de base auront l’occasion de comprendre ces enjeux si subtils et profonds de la configuration « élève-moniteur/accompagnant-cheval ». Ils développeront d’une part le sens de la psychologie humaine, et d’autre part une lecture fine des comportements humains. Ces éléments nous invitent à réfléchir sur la portée de notre responsabilité si nous nous sentons appelé par cette vocation d’enseignant de l’équitation ou de l’accompagnement assisté par le cheval.

Le respect, le calme, l’implication et la conscience dans la pédagogie sont des facteurs essentiels au maintien d’une réelle sécurité.